The Blue Connection x ON

texte : Gabrielle Champigny, Marianne Leclerc, Alexandra Lachance - photo : Gophrette Power

Veille de la course, 17h30. Entre l’anticipation d’une aventure inconnue et l’excitation d’un trip complètement fou entre amies, nous arrivons toutes ensemble - à l’exception de Dom, momentanément à Sept-Îles pour le travail - au chapiteau On installé près de la microbrasserie 4 Origines.. 

C’est l’aboutissement de 4 semaines un peu folles. Le défi du RA125 s’est incrusté dans notre calendrier sur un coup de tête, après l’annonce de la création d’une catégorie féminine RA_WO-Team. On participe à cette première historique. Rassemblées toutes ensemble pour l’une des rares fois de l’ère post-Carabins.

La COVID s’est ensuite invitée chez deux de nos coureuses, 10 précieux jours avant l’événement. Le moment était mal choisi, mais assez bien tombé pour ne pas mettre en péril notre participation au RA125.

Il y a aussi eu le mythique et ardu marathon de Boston 5 jours avant, auquel deux coureuses ont participé. Alex était dans les deux clans: covid et marathon, des épreuves qui lui ont toutefois donné toute la force mentale nécessaire pour se gâter avec le RA125 et avoir du plaisir au max.

4 Origines, donc. Max et Nico nous accueillent avec des cadeaux dignes d’une poche de Père-Noël. On enfile nos vêtements On, à la texture délicate, aux couleurs de notre nom d’équipe (The Blue Connection) et au fini parfait. Un léger parfum de bière les imbibait... Max est généreux, mais force est de conclure que ses qualités de mixologue laissent à désirer. On se chausse de nos nouveaux Cloudrunner bleus, qui seront notre arme secrète pour le périple du lendemain.

Excitées par notre nouvel équipement, on se fait ciblées par la lentille de Goph, qui nous fait prendre des photos exceptionnellement sérieuses, comme des vraies modèles à l’attitude badass. Nous voilà déjà sorties de notre zone de confort. 

S’en est suivi une petite activation, lors de laquelle nous avons complètement largué le peloton UpTempo pour couper la run et garder nos jambes fraîches comme l’eau de rose. Ça promet.


 

Matin de la course, 5h30. La fébrilité bien installée chez chacune d’entre nous, les derniers préparatifs se déploient sous le lever de soleil orangé. Le plus important: bien attacher la montre à notre témoin, qui nous suivra fidèlement pour enchaîner les 125km. L’ambiance est festive, chacun ayant repêché dans son trop peu d’heures de sommeil une énergie incalculable. 

5h59. Les 16 coureurs et coureuses se tiennent nerveusement sur la ligne de départ, leur témoin bien en main. Plein de visages connus, d’autres pas encore. Three, two, one… et l’aventure commence. Jas est notre première coureuse. Le peloton s’élance vers un pont étroit. Audrey tente de suivre la brigade enflammée et de maîtriser notre vélo bleu poudre en même temps. Le premier segment de 8km est en route : 4km pour Jas et 4km pour Audrey.

6h32. Le reste de l’équipe les rejoint quelque part dans Hochelag, sur la rue Notre-Dame. Max, Nico et Goph sont là, fidèles au poste avec leurs petits drapeaux On et la caméra bien en place. Au loin, Audrey s’approche, la fougue dans les jambes et des étincelles dans les yeux. 

6h34. 1er relais : échec lamentable. Enlever le polar, attraper Audrey qui est passée comme une éclair quelques mètres plus loin, débarquer du vélo, accrocher le prochain téléphone sur le vélo (truc de pro: le partage de position pour connaître en tout temps la localisation de nos coureuses!), embarquer sur la monture… Ces étapes qui paraissaient interminables allaient pourtant devenir, quelques instants plus tard, une routine que chacune aurait pu exécuter les yeux fermés. 

6h40. Marianne et Alex se tapent les sites industriels aux abords de la rue Notre-Dame, jusqu’à la hauteur du tunnel L-H Lafontaine. Les trottoirs sont intermittents. Les trous et les craques, eux, sont toujours présents. Les bâtiments portuaires créent de l’ombre qui gardera les coureuses au frais jusqu'à la percée de soleil au Parc Bellerive. 

7h09. 2e relais : on commence à pogner la twist en appliquant assidûment notre technique tirée de nos relais 4x800m universitaires. Le dernier duo, formé de Dom et Gab, se met en action à l’entrée de Pointe-aux-trembles. Dernier tronçon avant d’arriver à la pointe est de l’île. Sam apparaît à vélo tel un ange descendu du ciel, avec sa bonne humeur débordante et son manteau jaune flash (sécurité assurée), prêt à nous suivre et nous encourager pour la centaine de kilomètres restants. 

8h08. On passe le cap des 30km en un chrono inespéré de 2:08:23, avec une large avance sur le temps planifié. La chaleur du soleil commence à se faire sentir sur le bord de la Rivière des Prairies, qui miroite un bleu quasi royal, comme on l’aime. Les tronçons de 4km commencent à faire mal. Les petits faux plats descendant du boulevard Gouin font du bien. On aurait dit que la légère inclinaison de nos Cloudrunner se fondait dans l’asphalte. Outre ce petit bonus mécanique, l’avantage le plus significatif à ce moment est le plaisir de rencontrer les autres équipes, toutes aussi survoltées que nous. À chaque fois qu’on dépassait ou qu’on se faisait rattraper, la switch transitait à ON de plus bel.

9h24. À la troisième ronde de relais, après 48km, les jambes commencent à sérieusement s'alourdir. Pour être certaines de garder la cadence et confortées par des passages de relais efficaces, le binôme Jas-Audrey prend la décision de diviser les 4 km en 2 km. Ce changement de stratégie nous a toutes poussées en mode un peu plus racing. À partir de ce moment, tous les kilomètres ont été franchis sous les 4m30/km alors que notre plan initial correspondait à 5min/km. C’est aussi à ce moment qu’on croise le père de Gab, venu nous encourager en vélo et nous porter une cruche de café, qui fera surtout le bonheur de notre chauffeur, courageusement éveillé depuis de longues heures pour un samedi matin.

11h03. On passe à la deuxième section de notre itinéraire: des segments de 6km par binôme. Nous approchons l’embouchure de la Rivière-des-Prairies et du Lac des Deux Montagnes. Bientôt, nous passerons dans le coquet village de Sainte-Anne-de-Bellevue, à l’extrémité Ouest de l’île. On fonce sur la route presque déserte, sillonnant un paysage boisé totalement dépaysant. Transposant notre nouvelle stratégie, nous décidons de diviser la distance en tronçons de 1.5km par coureuse. C’est à ce moment précis qu’on réalise l’ampleur de ce que nous sommes en train d’accomplir: The blue train was fast, comme dirait Goph. Very fast. La fatigue se fait sentir, mais quand vient le temps d’attraper le témoin pour aller le porter au prochain point d’échange, le feu vert s’allume et nos jambes obtempèrent coûte que coûte. C’est dans cette portion qu’on approche l’ultime barrière du 100km. Après, on sait que tout est possible. 

13h19. 105km. On entre dans Lachine. Une rapidité nouvelle s’installe. Chaque coureuse se dépasse. On s’encourage de plus en plus fort. On enchaîne les kms, souvent sous les 4min/km. À veille d’entamer notre dernière ronde de relais, on se rend compte en ouvrant notre Map que le petit drapeau à carreaux noirs et blancs est plus proche qu’on ne le croyait. Il est même très proche. Les papillons dans le ventre à l’idée de voir toute la gang au fil d’arrivée, on donne tout ce qu’il nous reste. Tour à tour, les duos complètent, à la fois avec excitation et soulagement, leurs derniers relais de la journée.

14h34. 122km. Le dernier duo est en chemin vers le fil d’arrivée. Sam, notre éclaireur à vélo, se presse à nous annoncer - à notre plus grand bonheur - que les équipes arrivent ensemble à l'arrivée. En l’instant de quelques secondes, nous sommes prêtes à repartir pour un sprint final. Un 200m intense puisque suivre la gazelle Gab n’est pas synonyme du moindre effort. Les cris et encouragements résonnent en canon au bout de la rue Saint-Charles. C’est avec un sourire plus grand que nature que la première édition du RA125_WO-Team se termine pour nous avec fierté et gratitude. 

Sur ce, cheers à la terrasse de Ma Bicyclette et à la prochaine course signée Runk Series

 

Merci à l’organisation (en particulier Cédric, alias Gophrette, et Carole), à notre équipe de soutien (Jean-David et Sam), à On (Max et Nico) pour le support inconditionnel et à tou.te.s les coureuses et coureurs exceptionnel.le.s rencontré.e.s avant, pendant et après la course! Vous êtes incroyables!

The Blue Connection 

(Jasmine Canse, Audrey Laprise, Marianne Leclerc, Alexandra Lachance, Dominique Mallet et Gabrielle Champigny)